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Bienvenue chez nous à l’auberge de Courpain, mon mari Alexi et moi-même Sandra, sommes les nouveaux propriétaires de ces lieux, depuis le 7 juin 2019. Cela faisait 11 ans qu’elle était à l’abandon. Suite aux premières recherches que nous avons faites aux archives de la mairie ainsi qu’aux archives départementales de l’Essonne du domaine de Chamarande, nous reportons ici nos trouvailles.

Nous vous donnerons également les informations données par l’ancien propriétaire des lieux. Nous avons aussi pu rencontrer la fille des propriétaires encore d’avant, elle est âgée de 70 ans à ce jour. Grâce à cette rencontre, nous avons pu obtenir beaucoup de photos, documents, informations…

L’histoire de l’auberge remonte à la fin du 18ème siècle, il s’agissait à l’époque d’un relais de poste. C’est plus ou moins l’ancêtre des transports en commun. Les relais de poste ou postes à chevaux servaient au départ au transport de voyageurs. Généralement espacé entre 10 et 30 km ces relais étaient placés sur des grands axes et permettaient de se déplacer d’un poste à un autre. Les voyageurs pouvaient y passer la nuit en attendant la prochaine calèche. Progressivement ces relais sont devenus des auberges, hôtels et/ou restaurants.

Grâce aux plans du cadastre paroissial de la fin du XVIIIème siècle et au cadastre Napoléonien du début du XIXème siècle, on arrive à établir que la partie la plus ancienne de l’auberge est celle qui se trouve sur la façade de la rue. Elle a su au fil des propriétaires évoluer et conserver tout son charme.

Le propriétaire le plus ancien que nous ayons retrouvé était Pierre Verron qui était maire de Fontaine la Rivière de 1793 à 1838. Décédé en 1853, son fils hérite de la bâtisse avant de la vendre en 1862 à la famille Hautefeuille. Nous n’avons pour le moment pas plus d’information sur cette famille, propriétaire de 1862 à 1897. C’est ensuite la famille Driessens qui a été propriétaire de 1897 à 1936. Les seules informations trouvées sont qu’il s’agissait d’un négociant de vins et cultivateurs.
En 1936, c’est la famille Lebaupin qui habitait plus bas dans le village qui fit l’acquisition de l’auberge. Felix Lebaupin est l’inventeur de la fameuse recette de la Suze. Boisson qu’il a mise au point en 1885 dans la distillerie Fernand Moureau où il était chef de laboratoire. C’est à partir de là que nous commençons à avoir des photos, documents et anecdotes de plusieurs anciens, témoins de cette époque.

Les premières photos sont des cartes postales récupérées dans des ventes aux enchères. Elles datent du début des années 1940, le domaine était alors un hôtel restaurant et une ferme modèle très réputée. Une prise de vue du haut de la tour, atteste de la présence d’une ferme avec des vaches sortant d’une grange. Nous avons recueilli également le témoignage d’une octogénaire du village qui nous a confirmé que sa mère y travaillait à cette période en tant que serveuse

et qu’elle s’occupait également des animaux.
Une autre carte postale du kiosque qui se trouve à l’arrière du terrain. C’était la terrasse d’été couverte du restaurant. L’architecture du kiosque faisant référence aux colonies françaises où l’on trouvait ce type de construction et qui servait de lieu pour le brunch du dimanche aux français expatriés.

Une photo de la salle de restaurant assez étonnante car quasiment une centaine d’année plus tard la pièce n’a pas changé. Plusieurs personnes racontent que l’auberge aurait des références aux francs-maçons comme le damier noir et blanc appelé aussi pavés mosaïque.

Enfin cette carte postale a été prise de la rue, on y voit d’immenses arbres depuis disparu. Si l’on regarde bien on voit également une pompe à essence (entre les deux arbres) Il subsiste aujourd’hui la cuve de stockage du carburant. Il n’y avait ni rondpoint, ni grande route à ce moment-là.

En 1955, sera célébré à l’auberge de mariage de Zizi Jeanmaire, danseuse et actrice, et du célèbre chorégraphe et danseur Roland Petit. La cérémonie sera célébrée à l’église de Saint Cyr La Rivière un village avoisinant et les festivités s’en suivront à l’auberge.

En 1969, a été tourné une séquence du film « La voie lactée » de Luis Buñuel. C’est l’histoire de deux pèlerins en voyage pour Saint Jacques de Compostelle qui font étape à l’auberge. L’auberge a longtemps été un point d’arrêt jusqu’à Compostelle. Nous avons retrouvé l’extrait vidéo qui se trouve sur notre page Facebook que vous pouvez consulter. On y voit le devant de l’auberge puis l’intérieur dans la salle « damier ». A cette époque il est dit que le lieu était à l’abandon total. Pour les besoins du film, la pièce avait été remise au propre. Les héritiers de Lebaupin ne s’entendant pas, avait laissé dépérir l’auberge une première fois. L’histoire se répétera par la suite.

En 1972, arrivent les nouveaux propriétaires qui vont donner tout son éclat et toute sa splendeur à l’auberge. Il s’agit de Jean et Edith Tewe. C’était un couple atypique, lui est forain, elle antiquaire, ils voyagent de fête en fête tout au long de l’année. Pour permettre à leur fille de suivre des études, ils l’inscrivent dans un internat dans le 45. Chaque semaine ils font des allées retours entre Paris et l’internat et sur leur route : cette auberge abandonnée. Un jour ils décident de s’arrêter pour observer et là c’est le coup de cœur. Ils acquièrent la bâtisse et entament 4 ans de travaux.

Ils restaurent la totalité du domaine en plusieurs étapes. Ils abandonnèrent petit à petit le métier forain pour se consacrer à 100% à l’auberge.

Cour de l’auberge

Dans la cour il y avait une grange, comme le montre les photos datant des années 50. La grange devient alors une salle de séminaire avec quatre chambres d’hôtel au-dessus. L’appenti dans la cour deviendra au rez-de-chaussée deux chambres en hommage aux parents de Jean Tewe nommés Antoine et Antoinette et au dessus se trouvait une chambre familiale appelée Grenier.

Ils feront appel à un sourcier pour trouver et créer un forage pour alimenter l’auberge. La coïncidence fera que d’après lui le croisement de deux veines d’eau se trouve sous la tour. C’est donc là qu’il sera construit. La pompe et le forage existe toujours et sont en parfait état de fonctionnement pour le jardin uniquement aujourd’hui.

Les écuries à l’arrière deviendront l’office traiteur et la pâtisserie de la salle de séminaire ainsi que des chambres pour le personnel. La bâtisse où se trouvait les vaches devient une salle de billard et à l’étage, les appartements des propriétaires.

La salle de restaurant damier sera agrandie, le kiosque sera fermé pour devenir une autre salle de restaurant. Le jardin sera clos et paysagé.

L’auberge de Courpain est alors à son apogée, on y trouve une cuisine gastronomique et des suites et chambres d’hôtel 3 étoiles. Une clientèle très aisée, il n’est pas rare de voir sur le parking des véhicules de collections ou de grosses cylindrés. Un héliport est aussi à disposition pour ces clients qui n’hésitent pas à venir grâce à ce moyen de locomotion.

Le couple Tewe s’épanouie dans le développement de l’auberge jusqu’au jour où la maladie emporte Edith, nous sommes en 1986. Jean rongé par le chagrin se laissera partir l’année suivante.

A ce moment-là, Katherine la seule fille en commun du couple est à peine âgée de 30 ans, elle a deux demi-frères nés d’une première union de leur mère. Eux ont déjà une vie professionnelle, Katherine a une vie d’artiste navigant entre la chanson et la peinture. C’est donc elle qui reprendra les rennes de l’auberge.

Le personnel la suit dans cette aventure, elle fait référencer l’auberge dans plus de 39 guides touristiques à travers le monde. Pour allier ses passions et son activité professionnelle, elle organise régulièrement des concerts de jazz ainsi que des expositions artistiques. L’auberge devient un repère d’artiste, notamment des peintres comme Philippe Lejeune fondateur de l’école de peinture d’Etampes ou encore Christoff Debuschere qui réalisera même une peinture de la salle damier.

Les années passent, nous sommes en 1999, la fréquentation est un peu en baisse et les normes évoluent. L’eau potable est installée sur la route et l’eau du forage ne sera plus tolérée. Toute l’installation devra être refaite et répondre aux normes de sécurité en cas d’incendie. N’ayant pas de bornes incendies à proximité une réserve d’eau devra être créée. Les chambres devront également revoir leurs normes de sécurité. Les relations de Katherine et ses demi-frères sont tendus ce qui la contraindra à vendre en 2000.

C’est ainsi que Christian et Marie Andrée Gillery deviennent propriétaires. Mr Gillery a fait fortune dans le désamiantage notamment en déposant plusieurs brevets. C’est avec l’argent de ces brevets qu’il rachète l’auberge. Il lance à nouveau un restaurant haut de gamme, comme en témoigne les menus retrouvés dans l’auberge. En 2003, il transforme le terrain de tennis en piscine.

Lors du remembrement, il échange des parcelles de terrain afin d’agrandir le parking. Il entame ensuite une série de travaux sans autorisation et pas toujours bien réalisés. Le kiosque et la salle de restaurant damier sont rassemblées pour devenir une grande salle de réception. Il crée une extension dans la cour qui deviendra son logement et construit un atelier au milieu du terrain à l’arrière. Au fil des années, le restaurant n’a pas le succès escompté, beaucoup regrette l’époque de la famille Tewe. Les administrations sont après lui concernant les travaux non déclarés. En 2008, il se verra contraint de fermer l’établissement lors de la commission de sécurité. L’établissement ne répondant plus à nouveau aux normes.
Il décide alors de ne pas rouvrir, de prendre sa retraite et de transformer l’auberge en logement. Les chambres deviennent alors des studios ou petits appartements bas de gamme. Il parvient à diviser et à vendre la bâtisse arrière qui était à l’époque la salle billard en deux logements. Il conserve la grande salle de réception pour le transformer en atelier d’art pour sa nouvelle compagne Martine Béchir. Il commence donc à tout louer sans aucune autorisation encore. L’auberge étant dans une zone de tourisme et de loisirs, il s’octroie à nouveau les foudres de l’administration. Il sera donc encore une fois arrêté dans son projet et décidera de mettre en vente. La commune tentera de racheter l’auberge pour y créer l’école et une salle des fêtes pour le regroupement pédagogique des villages avoisinants. Il en demande une somme mirobolante, le projet tombera à l’eau aux vues des nombreux travaux à réaliser pour remettre le tout en état. Petit à petit il laisse l’auberge à l’abandon, cesse de l’entretenir et continue de louer les logements malgré les interdictions.

Nous sommes à présent en 2015, nous habitons le village voisin depuis 2010 et nous passons devant cette majestueuse bâtisse abandonnée tous les jours. Mon mari Alexi et moi-même visitons pour la première fois l’auberge. Le projet est encore un peu prématuré et les exigences de prix de Mr Gillery sont élevées étant donné la montagne de travaux à réaliser pour remettre en état. Nous décidons de ne pas faire d’offre.

 

Nous continuons malgré tout à suivre la vente mais aussi les fluctuations de prix. Octobre 2018, mon mari découvre l’annonce à un prix plus raisonnable nous décidons de visiter à nouveau. N’étant plus tout jeune, le propriétaire décide enfin de tourner la page de cette résidence secondaire qu’il n’entretient plus. Ses occupations ont changé, il possède un voilier et part régulièrement en mer pour plusieurs mois et vient de racheter une galerie d’art en Bretagne pour sa compagne. Nous tombons d’accord sur le prix et entamons une longue période de recherche de prêt. Difficile de convaincre un partenaire financier de nous suivre pour une auberge qui est à l’abandon depuis 10 ans et avec des logements non autorisés.
Nous serons officiellement propriétaire le 7 juin 2019, nous avons pour projet de restaurer à nouveau l’auberge et d’essayer de lui redonner son cachet. L’idée serait d’y faire deux salles de réception et plusieurs gites. Nous travaillons chacun de notre côté actuellement et nous réalisons l’ensemble des travaux nous-même sur notre temps libre. Nous avons créé une association « Auberge de Courpain Renaissance » pour pouvoir réaliser au cours de l’année quelques évènements comme des journées du terroir, un marché de noël ou des salons vintages.

Aujourd’hui la petite salle est déjà en activité et des gites voient le jour peu à peu.